L’église Saint-Pierre d’Aulnay sur Iton




Le poète dirait : «Je sais une église au fond d’un hameau, dont le fin clocher se mire dans l’eau…». Certes, l’Iton n’est pas loin, il s’agit plutôt d’une petite église discrète au coeur de son village, du moins lors de sa construction. Tel le Phénix, elle renaquit de ses cendres à partir de 1986. C’est en effet en mai que cet édifice fut rouvert afin d’y célébrer le mois de Marie. La surprise fut totale de découvrir un intérieur plus que délabré, sans compter les dégâts extérieurs. De suite, fut engagé le projet de restauration : début de l’inventaire, exploration de tous les dégâts, création de l’association Sant Pierre Notre-Dame des Aulnes.

Dès 1986, la commune d’Aulnay et l’Association ont pu travailler ensemble, dans le respect de la loi de 1905 sur la séparation de l’Eglise et de l’État et avec les concours financiers complémentaires des instances compétentes, à la restauration de ce patrimoine culturel. La Commune a à sa charge, la restauration et l’entretien du bâtiment. L’association a assuré les objets d’art. La restauration, qui a duré 27 ans, a mis en évidence que le choeur actuel était une chapelle édifiée par les habitants du village. Des éclats de fres - ques permettent d’en indiquer la date : fin XIIe, début du XIIIe. La nef fut construite au XVIe siècle sans contreforts extérieurs. Les statues datent de la même époque, sauf Saint-Sébastien (XVIIe). Celles-ci sont soit en bois, soit en pierre, sculptés polychrome : sainte Barbe, une sain - te femme, saint Michel, vierge à l’enfant, saint Pierre en pape, saint Jean-Baptiste, saint Diacre.


C’est une des rares églises à avoir une statue de saint Antoine, ermite, et son cochon. On peut admirer aussi le maitre autel en forme de retable, un tableau sur bois représentant la remise des clefs à saint Pierre (XVIIIe), «Les pèlerins d’Emmaüs», peinture de Daniel Rouvière située au-dessus de la chaire du XIXe, deux travées de bancs en bois sans dossier. Entre le choeur et la nef on peut contempler une magnifique poutre de gloire avec ses trois statues : saint Jean, le Christ en croix et la Vierge ; le tout en bois sculpté polychrome. Dans la nef, on découvre quatre fenêtres biseautées en ellipse aplatie. Seul, le vitrail représentant la Vierge allaitant a résisté au temps. Il a servi de référence pour la réalisation des vitraux modernes des ateliers Eyquem. Sur le thème de l’Eucharistie, ils furent posés en 2004/2005.


Dans la nef : le sacrifice d’Isaac, Melchisédech, la Manne dans le désert, les Noces de Cana. Puis dans le choeur : la Cène et les Pèlerins d’Emmaüs. Ceci est une présentation bien modeste par rapport à toute la richesse artistique et catéchétique que recèle cette petite église. Mais dans quel ques mois paraîtra, sous l’égide de l’association culturelle saint Jean XXIII, un livret complet et détaillé sur cette église qui a vécu une restauration exemplaire.


Berbard Fievet